les vidéos (format asx 480Kbit/s) nécessitent une connexion haut débit






 

 

 

 

 

 

Paparazzi ou la chronique d’un lever de soleil avorté

de Matéi Visniec

Mise en scène Michèle Garay

Avec Natalie Beder, Barbara Bolotner, Lucas Bonnifait, Ludmilla Dabo, Eléonore Chabrol, Hélène Daveau, Samuel Girard, Anahita Gohari, Fabrice Martin Y Pascal, Chloé Oliveres, Okan Urun et à la guitare Laurent Mansuy.

Cette pièce aborde le sujet tragique de la fin du monde et pourtant grâce à son écriture légère, elle développe une atmosphère pleine d’humour. Certains personnages sont comiques par le regard et le manque d’attention qu’ils portent à cette terrible nouvelle. Ils préfèrent fuir, refusent d’accepter la réalité et continuent leur petit train-train quotidien& comme si la vie était éternelle.

- « La femme et l’homme qui veulent partir en train », pour fuir toujours plus loin, occulter les problèmes existentiels&

- « L’homme pour lequel la naissance a été une chute », enfermé dans ses souvenirs d’enfance meurtrie, immature, déboussolé, titube dans ses rêves, perçoit sa naissance comme une chute &

Rares sont les personnages qui croient à cette extinction du soleil. Et, quand ils tenteront de parler, on les réduira au silence, le scientifique sera bâillonné : la dure réalité fait peur. Et puis, il y a les exclus, les marginaux, ceux qui n’ont rien à perdre& Pour la société, ils sont déjà morts puisqu’ils n’ont pas pris leur place. Ils ne sont rien, pas rentables socialement, donc n’existent pas, deviennent invisibles aux yeux du monde. Seul l’aveugle voit ce que les voyants ne voient pas. Les paparazzi voyeurs jusqu’au bout, profitent du malheur des autres pour faire fortune &

« Le soleil qui ne se lèvera plus » semble être, plutôt que la fin du monde, l’idée que le soleil, symbole de notre esprit, ne brille plus par sa chaleur humaine, son enthousiasme et sa générosité ? L’homme n’est-il pas une flamme éteinte qui erre dans un monde froid, où les seules dynamiques semblent être, la réussite, l’égoïsme, l’ambition ?

Dans Paparazzi, l’homme n’est plus qu’une mécanique, enfermé dans la productivité, obsédé par le succès, le sexe, l’appât du gain& il en oublie d’être humain. Alors les rôles s’inversent, « le distributeur de boisson » devient vivant et nous parle avec poésie et sensibilité de son désarroi devant cette fin du monde.

Cette pièce propose, plutôt que des réponses toutes faites, une réflexion sur nous-même, sur le rapport que nous entretenons avec le monde. « Ce qu’il faut dénoncer » c’est l’indifférence, l’extinction du cœur. L’indifférence aux souffrances de l’autre, chacun dans son monde sans lumière.

Matéi Visniec peint les hommes tels qu’ils sont avec leurs lâchetés, leurs obsessions, leurs fantasmes. Il nous renvoie à nous-même, à notre action ou inaction face aux difficultés du monde. Il a su trouver les mots pour nous faire comprendre et sentir les manques terribles de l’humain, ses frustrations et ses angoisses. Son écriture fine et allusive, jamais didactique, nous permet de pénétrer un univers à la fois critique et humoristique. L’humour n’est–il pas la seule réponse aux duretés du monde, au regard trop réaliste et parfois insupportable que nous pouvons avoir ? & Alors la sagesse réside dans le fait de savoir en rire. La force de son écriture est d’arriver à nous émouvoir, à nous faire rire et même pleurer de rire face au miroir & Face à l’objectif implacable des paparazzi.

Théâtre allégorique parfois onirique, à la frontière des rires et des pleurs : un spectacle pour pleurer de rire.

 

Hôtel Gouthière

Salle Marivaux

Du 24 juin au 3 juillet 2005 : tous les jours à 20 h 30
sauf le dimanche à 16 h.

6, rue Pierre Bullet - Paris 10e (derrière la Mairie du 10e arrondissement)

Métro Château d’eau

Réservations 01 42 38 38 61